Claude Mollard et Christiana Visentin (2022)


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J'ai eu l'occasion de faire une belle rencontre: Claude Mollard l'homme qui a embelli l'architecture de Paris par ses idées géniales, photographe de talent capable de nous révéler des êtres mystérieux en toute chose, je l'ai vu en pleine création pendant le vernissage, en train de photographier le carrelage de l'hôtel Alfred Sommier, il y avait un renard, il me l'a montré, un renard inquiétant. J'ai eu le bonheur de parler d'art et culture avec ce grand homme, ça a été un moment purement merveilleux.
Christiana Visentin.

Claude Mollard a grandi Chambéry dans une famille d’amateurs de musique. A Saint Etienne, où il fait ses études secondaires, il rencontre par l’entremise de l’ancien ministre Claudius Petit, Le Corbusier et de fait s’intéressera à l’architecture et à l’urbanisme. Attiré très jeune par la chose publique, il entame très vite des études politiques : Science Po Lyon, l’ENA et adhère au PSU où il rencontrera Pierre Mendès – France qu’il aide alors, dans ses discours et conférences. Il deviendra assistant parlementaire de Michel Rocard en 1967.

Passionné d’art contemporain, il aide son frère diplômé des Beaux-Arts à monter des expositions. Rapidement, il saisit sa chance et quitte le Ministère du Budget. On lui propose de participer à la construction du Centre Pompidou, il accepte, il n’a que vingt-neuf ans, il en devient le secrétaire général. L’idée de défricher un terrain culturel le séduit. Nous sommes en 1970, il travaille avec Boulez et Robert Bordaz et se réjouit à l’idée d’inventer le Centre Pompidou où il passera huit années de sa vie. Il sera nommé ensuite à la Cour des Compte, en 1977 : décidément les grands corps d’Etat lui sourient. Au même moment, ayant terminé la construction du centre Pompidou, il intègrera la Maison pour Tous de la rue Mouffetard dont il deviendra Président, militant pour l’éducation populaire. Et en même temps, en 1978, il rejoint Robert Bordaz président de l’Union centrale des arts décoratifs qui le nomme Délégué général.

En 1981, il est nommé Chargé de missions auprès du Ministre de la Culture, Jack Lang, puis délégué aux arts plastiques au ministère.

Nous sommes au début des années quatre-vingt. Il faut doubler le budget de la culture et il est l’homme de la situation. Il relance la politique des arts plastiques, lance la création des Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC). Il signe le projet des Colonnes de Buren, qu’il mènera à bien, comme chacun le sait. Et des centaines d’œuvres d’art implantées dans l’espace public. En 1986, à l’occasion du changement de gouvernement, il crée la première agence d’ingénierie culturelle : Art Budget AA



La liste des réalisations conçues à son initiative est trop longue entre 1980 et 2000, pour être citée ici, je vous recommande de consulter le moteur Wikipédia…

C’est en 2000, qu’il retrouve jack Lang à l’Education nationale où il lance le Plan pour les arts à l’école. 40 000 artistes font leur entrée dans les classes. Là encore l’alternance politique met fin à cette grande entreprise.

Leur complicité laborieuse les réunira à nouveau à l’Institut du Monde Arabe (IMA), dans ce bâtiment situé à Jussieu, conçu par l’architecte Jean Nouvel, où nous l’avons rencontré.

Dans son dernier essai : La culture est un combat, paru aux éditions Puf en 2015 et préfacé par Daniel Buren, il brosse la synthèse des plus grands projets culturels auxquels il a participé en cinquante tableaux, qu’ils soient ou non réalisés à ce jour. Un ouvrage passionnant que l’on déguste avec ferveur.

Voici un extrait :

« Je me rends à Nice, pour discuter avec des repreneurs du Palais de la Méditerranée. Quelques années avant, l’ancienne propriétaire a été retrouvée assassinée. Ce fait divers a servi de trame à un livre de Max Gallo. Le Préfet ne veut pas me laisser seul dans les sous-sols obscurs du bâtiment où je me retrouve en compagnie d’étranges messieurs à chaussures blanches et rouflaquettes noires. Deux inspecteurs de police m’accompagnent. Sait-on jamais ? Le Préfet ne veut pas avoir un crime sur la conscience. Nous décidons finalement de ne conserver que la façade de manière à permettre les aménagements modernes à l’intérieur ».

Claude Mollard nous parlera à bâtons rompus de sa brillante carrière avec une disponibilité qui nous surprend. Lorsque je lui demande quels sont ses projets, il se confie à Saisons de Culture et c’est le photographe des Origènes qui nous parle de sa future exposition dans les locaux de la MEP (Maison Européenne de la Photographie), présidée par notre ami Henri Chapier. Cette exposition nous fera réfléchir sur la nature et l’homme. « Les visages de l’homme dans lanature ».

Avant de prendre congé, nous évoquons quelques souvenirs. C’est dans la galerie Visionairs gallery, à l’époque située au Panthéon à Paris, que nous avions organisé notre tout premier comité de rédaction de Saisons de Culture. Sur les cimaises, des photographies de Claude Mollard, invité par Véronique Grange-Spahis, nous entouraient. Nous nous sommes plus tard retrouvés invités par Martine Boulart, dans les somptueux jardins de l’Ermitage à Garches, en présence de Jack Lang où Claude Mollard était l’artiste invité. Un article était alors paru dans nos colonnes.

Promis, personne ne manquera le rendez-vous de la MEP en 2017 !

En attendant, visitons les flamboyants Jardins d’Orient aux anamorphoses fleuries, ouvrage conçu sous la direction artistique de Claude Mollard, jusqu’en automne 2016.

Mylène Vignon

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